Le bypass gastrique “Roux-en-Y”
Cette intervention a été développée par les docteurs A. J. Kremen et John H. Linner en 1954. A cette époque, on s’est rendu compte que les patients opérés d’une gastrectomie totale (résection de tout l’estomac) avec reconstruction selon un montage similaire avaient une perte de poids importante et une amélioration nette de leur diabète préexistant. Il est qualifié de “Roux-en-Y” pour le distinguer d’une technique plus récente appelée “bypass en oméga” ou “mini bypass” non pratiquée en France.
C’est une technique à la fois restrictive et malabsorptive. Une petite poche gastrique (de la taille d’un pot de yaourt) est confectionnée à l’aide d’une sonde de calibration de façon à réduire la taille de l’estomac en contact avec les aliments. L’estomac restant n’est pas réséqué comme on le fait dans la sleeve gastrique mais laissé en place dans le cas où un démontage du bypass doit être envisagé (ce qui est exceptionnellement le cas). Ensuite, une anse intestinale est ascensionnée et suturée (anastomosée) à la petite poche gastrique (néogastre). Les aliments passant à travers cette première suture appelée anastomose gastro-jéjunale et poursuivent leur chemin à travers l’anse alimentaire” d’une longueur de 150cm pour arriver à la deuxième suture entre deux anses intestinales appelée anastomose jéjuno-jéjunale ou pied d’anse. Ce n’est qu’après cette dernière que le bol alimentaire entre en contact avec les enzymes du foie et du pancréas amenés par l’anse bilio-pancréatique” de 50 cm, ce qui contribue à une absorption intestinale plus efficace au sein de l’”anse commune” dont la longueur n’est pas mesurée. Ce court-circuit (bypass en anglais) entraîne une malabsorption complémentaire à la restriction liée à la petite taille du néogastre. Un important effet hormonal (appelé effet incrétine) est également obtenu par le fait que les aliments ne sont plus en contact avec le duodénum. Certains médicaments antidiabétiques (les analogues du GLP-1) miment cette action que l’on observe chez les patients avec un bypass gastrique, ce qui améliore la glycémie (taux de sucre dans le sang).
La perte d’excès de poids attendue est en moyenne de 70% et l’amélioration (voire la rémission) de comorbidités liées à l’obésité comme le diabète de type II est plus importante qu’avec un anneau ou une sleeve gastrique.
L’intervention dure environ 2 heures, et est dans la grande majorité des cas réalisée par coelioscopie.
La durée d’hospitalisation est habituellement de 4 jours.
Comme pour la sleeve gastrique, une des principales complications inhérentes au bypass est la fuite (aussi appelée fistule) qui survient dans environ 3% des cas. Sa prise en charge en urgence est primordiale car elle peut aboutir au décès par péritonite. Comme autres complications fréquentes propres au bypass, on peut citer l’hémorragie, les perforations tardives de la suture les ulcères anastomotiques (favorisés grandement par l’intoxication tabagique), la suture trop étroite sténose anastomotique, les carences nutritionnelles, la hernie interne (même possible après fermeture minutieuse des brèches).
Bien sûr, comme tout acte chirurgical, des complications plus générales peuvent survenir: plaie viscérale ou vasculaire, embolie gazeuse ou pulmonaire (plus fréquente chez les patients obèses), infection pulmonaire ou urinaire, infection à la Covid 19 (plus sévère chez les patients obèses), pneumothorax, accidents cardiaques ou vasculaires, hernies incisionnelles etc.
La mortalité liée à l’intervention est d’environ 0,4 %.